Aller au contenu principal

Stimuler l’innovation et le financement pour la santé et les droits sexuels et reproductifs en Afrique

 

La santé et les droits sexuels et reproductifs sont essentiels pour mener une vie saine et réaliser son plein potentiel. En plus des nombreux avantages pour la santé, l’amélioration de l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs a des effets positifs sur une myriade d’autres sphères de la vie, telles que l’éducation, l’emploi, les moyens de subsistance et l’accès aux ressources.

En Afrique, les organisations de la société civile sont à l’avant-garde des efforts visant à faire progresser la santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR). Il existe toutefois des obstacles importants à la réalisation de progrès significatifs, notamment le sous-financement et la fragmentation des systèmes de santé, sociaux et éducatifs, l’accès limité à des renseignements et à des services de haute qualité liés à la SDSR, ainsi que les normes et les croyances socioculturelles.

Des stratégies de financement plus innovantes et plus durables pour les programmes de SDSR contribueraient grandement à surmonter ces défis et à faire progresser ces programmes sur le continent.

Exploiter la puissance de la technologie

Les technologies numériques telles que l’intelligence artificielle (IA) ont démontré un potentiel encourageant pour l’amélioration de l’information et des services en matière de santé et de droits maternels, sexuels et reproductifs. Un centre d’innovation récemment créé sur l’IA pour la santé sexuelle, reproductive et maternelle en Afrique fait déjà une différence.

Soutenu par le CRDI, le centre vise à renforcer les capacités des innovatrices et innovateurs, des chercheuses et chercheurs et des décisionnaires de l’Afrique qui travaillent dans le domaine de la SDSR, tout en renforçant les systèmes de santé du continent grâce au développement et au déploiement responsables d’innovations en matière d’IA.

Le centre développe des solutions basées sur l’IA, comme les robots conversationnels, pour améliorer l’accès aux renseignements sur la santé maternelle et reproductive dans diverses langues, rendant les renseignements et les services plus facilement accessibles à un plus grand nombre de personnes. Cependant, de nombreuses langues africaines sont encore sous-représentées dans les outils et services d’IA, un problème qui devrait être résolu pour améliorer l’accès et l’inclusion. À l’heure actuelle, les solutions d’IA reposent encore largement sur la surveillance et la vérification humaines pour garantir l’exactitude, y compris lors de la fourniture d’informations sur la SDSR aux groupes vulnérables comme les jeunes en situation de handicap et les personnes réfugiées.

Veiller à ce que diverses voix soient entendues

Les organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle important dans l’amélioration de l’accès aux services de SDSR pour les adolescentes. ZanaAfrica, par exemple, s’efforce de doter les adolescentes du Kenya des outils dont elles ont besoin pour traverser en toute sécurité la puberté, notamment grâce au programme d’éducation qui améliore les connaissances des filles en matière de santé reproductive. L’ONG propose également aux filles des produits d’hygiène menstruelle fabriqués localement. De nombreuses jeunes filles du quartier informel de Kibera, à Nairobi, et d’ailleurs ont du mal à accéder aux produits sanitaires, ce qui les amène à se tourner vers des amis masculins plus âgés pour obtenir de l’aide, souvent en échange de rapports sexuels, ce qui entraîne des grossesses et des abandons scolaires.

L’inclusion et le mentorat des garçons dans les efforts de SDSR sont cruciaux, car beaucoup se sentent exclus et se tournent vers la drogue ou les activités criminelles. De telles approches inclusives peuvent remettre en question et transformer les normes culturelles néfastes qui entravent l’accès aux services de SDSR.

Il est important de répondre aux besoins de la population adolescente scolarisée et non scolarisée. Faire participer activement les jeunes, y compris les filles et les garçons, à la conception, à la mise en œuvre et au suivi des programmes de SDSR garantit la prise en compte d’un large éventail de perspectives. De même, la participation communautaire et le plaidoyer contribuent à garantir que les voix diverses – celles des adolescentes et adolescents, des femmes, des hommes, du personnel enseignant et de la direction locale – sont entendues.

Au Sénégal, une initiative appuyée par le CRDI fait exactement cela, en travaillant avec les jeunes, les décisionnaires et les communautés pour aider les jeunes, en particulier les adolescentes, à exercer et à défendre efficacement leurs droits à accéder à la santé reproductive et à en bénéficier, y compris la prévention de la violence basée sur le genre.

Depuis son lancement en 2020, l’initiative, connue sous le nom d’ADOS, a permis de joindre plus de 3 300 personnes grâce à des activités de sensibilisation. Cela comprend plus de 340 adolescentes et adolescents formés à la mobilisation et au plaidoyer en faveur de la santé reproductive de la population adolescente et à la lutte contre les conséquences négatives de la violence basée sur le genre. La mobilisation des adolescentes et adolescents et des jeunes leur a permis de bénéficier d’un renforcement de leurs capacités et de s’établir en tant que leaders dans leurs communautés. Ils peuvent ainsi contribuer à remettre en question les normes sociales et culturelles qui tolèrent la violence sexuelle et constituent des obstacles à une bonne santé reproductive.

Collaborer pour atteindre les groupes marginalisés

Une autre condition préalable pour garantir un accès durable à des services de SDSR de qualité est l’adoption de stratégies de financement novatrices à l’échelle nationale. Les partenariats impliquant les gouvernements central et locaux, le secteur privé et la société civile sont essentiels pour mettre à l’échelle et maintenir des innovations et des programmes de SDSR réussis pour tous, en particulier les personnes issues de groupes marginalisés.

La collaboration multipartite pour atteindre les groupes marginalisés est également au cœur d’une nouvelle initiative du CRDI qui soutient une plus grande prise en compte des domaines de SDSR négligés par les populations mal desservies en Afrique. L’initiative, intitulée « Aborder les domaines négligés de la santé et des droits sexuels et reproductifs en Afrique subsaharienne » (ANeSA), est une initiative de 29,9 millions de dollars canadiens cofinancée par le CRDI, les Instituts de recherche en santé du Canada et Affaires mondiales Canada.

L’initiative ANeSA générera et encouragera l’utilisation de données probantes de haute qualité sur des interventions durables et évolutives afin de transformer la conception et la prestation des services, de renforcer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et d’instruments juridiques, et de contribuer à la mise en place de systèmes de santé équitables et durables afin de relever les défis communs auxquels sont confrontées les populations mal desservies en Afrique. Elle s’appuiera également sur la capacité des organisations de la société civile, des chercheuses et chercheurs et des organismes de recherche, des responsables des politiques, des décisionnaires et des communautés à intégrer des approches transformatrices de genre dans la recherche sur la SDSR.

La collaboration à tous les niveaux est essentielle pour relever les défis complexes et créer des environnements propices à la promotion et à l’accès aux services de SDSR. En exploitant le pouvoir de la recherche, de la technologie et des partenariats, il y a de l’espoir pour un avenir où l’accès universel à la SDSR est une réalité, contribuant à un monde plus équitable et plus inclusif pour tous. 

Cet article est basé sur un Café sur le genre organisé conjointement par Affaires mondiales Canada et le CRDI à Nairobi, au Kenya, en août 2024. Les personnes suivantes y ont participé : Noel Akinyi, agent de programme de SDSR, Center for Rights Education and Awareness, Dre Rosalind Parkes-Ratanshi, directrice, Academy of Health Innovation, Infectious Disease Institute, Ouganda, Megan Mukuria, fondatrice de ZanaAfrica, et Joy, une adolescente, entre autres. 

Personnes collaboratrices : Kathryn Toure, directrice régionale du CRDI pour l’Afrique orientale et australe, Samuel Oji Oti, spécialiste principal de programme, programme Santé mondiale, CRDI, Angela Baiya-Wadeyua, conseillère en partage des connaissances, CRDI, Janine Cocker, chef du développement, Haut-commissariat du Canada au Kenya et couvrant également l’Ouganda et la Somalie, et Kagure Wakaba, spécialiste des questions de genre associée à Affaires mondiales Canada.